Fangirl – Rainbow Rowell

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Auteur : Rainbow Rowell

Edition : Castelmore

Genre : Contemporain

Langue originale : Anglais

Date de parution : 2014

Nombre de pages : 576

ISBN : 978-2-36231-296-0

 

Résumé

« Cath ne vit que pour et par l’écriture. Elle est une fan inconditionnelle de la série de romans à succès Simon Snow… au point de rédiger elle-même les aventures de son héros préféré, en attendant la parution du dernier tome! Elle vit dans une bulle qu’elle ne partage qu’avec Wren, sa soeur jumelle, loin de toute vie sociale. Pourtant, c’est désormais en solo qu’elle devra affronter le monde extérieur. Wren vient de lui annoncer l’impensable : cette année, à la fac, elles feront chambre à part. Cath saura-t-elle s’ouvrir aux autres et profiter de sa vie d’étudiante? Et l’amour, dans tout ça? »

L’avis de la Papote

S’il y a bien un livre qui était dans ma wish list depuis une plombe, c’est Fangirl. Margaud liseuse en a tellement fait l’éloge (ici, ici ou encore ici) qu’il était totalement impensable que je ne m’y intéresse pas. Pourquoi avoir attendu tant d’années avant de me lancer? Excellente question. L’idée d’une romance? La peur que ce soit trop jeunesse à mon goût? Parfois, il n’y a pas vraiment d’explication… Le coeur a ses raisons, que voulez-vous. Puis, il y a quelques jours de ça, Margaud a posté une photo sur Instagram où elle proposait de remporter un exemplaire de Fangirl tout juste sorti en format poche chez Castelmore. Et ce même jour, alors que je me baladais en librairie (pour pas trop changer de d’habitude), je suis tombée nez à nez avec ce roman. Pile devant moi. Il m’attendait, c’est certain. Autant vous dire que je n’avais qu’une hâte, c’était de finir ma lecture en cours pour me plonger dedans illico presto !

Cath est une jeune adulte prête à rejoindre la fac. Plutôt introvertie, fan invétérée de Simon Snow (un peu notre Harry Potter à nous), elle passe tout son temps libre à écrire des fanfictions sur cet univers, écrits qui remportent un franc succès sur la toile. Mais son entrée à la Fac va quelque peu bouleverser ses habitudes et la confronter comme jamais au monde réel.

Un garçon se trouvait chez elle. Cath leva les yeux vers le numéro peint sur la porte, avant de relire le papier sur lequel étaient inscrites les références de la chambre qu’on lui avait attribuée. « Pound Hall, 913. » Elle était bien au 913, pas de doute là-dessus, mais pour Pound Hall, elle en était moins sûre : les dortoirs se ressemblaient comme autant de gouttes d’eau, ici, à l’instar des tours de gériatrie dans lesquelles l’Etat parque les personnes âgées. Peut-être Cath devrait-elle joindre son père avant qu’il monte le reste des cartons… (p.11)

J’ai eu le coup de foudre pour cette histoire que j’ai dévorée en même pas trois jours ! Pour reprendre l’expression de Margaud, ce livre est un chocolat chaud livresque. Si j’avais attendu l’hiver pour le découvrir (oui parce que l’intrigue se déroule sur la période automne-hiver, important de le préciser), mon niveau de surkiffance aurait atteint des sommets, j’en suis certaine! J’ai absolument tout aimé dans ce livre : l’histoire, la plume, le monde de la fanfiction, l’ambiance universitaire, les personnages, le découpage original des chapitres… Je m’égare, je m’emporte, autant pour moi. Reprenons.

Parlons tout d’abord de l’intrigue. Rien de folichon à l’horizon : juste l’histoire d’une jeune adulte un peu coincée qui préfère passer sa soirée à écrire des récits fantastiques plutôt que de se mêler à la société, qui préfère manger des barres protéinées cachées sous son lit plutôt que d’affronter le monde terrible de la cafétéria de la fac, qui cherche le moins de contact possible avec le monde réel puisque l’univers de Simon Snow est teeeeeeellement mieux. Une petite histoire d’amour qui se profile, des aventures de fac, des cours hyper motivants, bref, comme je le disais, la vie normale quoi. Mais ça fait du bien aussi, de lire des histoires sur la vie normale! Et puis, me retrouver dans cette ambiance universitaire que j’ai quittée il y a cinq ans maintenant, ça m’a rappelé tant de souvenirs … #nostalgiequandtunoustiens.

Niveau personnages, Cath, c’est moi. Alors non, je n’étais pas comme ça en entrant à l’université, mais j’étais bien comme ça au début de mon adolescence. Alors évidemment, je m’y suis attachée à cette petite Cath. Je m’y suis retrouvée à bien des niveaux. J’arrivais à la comprendre, à me mettre à sa place, à vouloir l’épauler et lui dire : « t’inquiète ma vieille, I get it« . Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas eu un tel coup de coeur pour un personnage féminin. Et puis les autres personnages sont tout aussi intéressants et riches : Reagan, sa coloc’ un peu timbrée qui fait sourire, Lévi, le mec qu’on aurait voulu connaître nous aussi à la fac, Wren, la soeur à claques qu’on a jamais eue, bref, un beau petit monde!

Je ne sais pas vous, mais personnellement, je n’ai jamais été branchée fanfiction. Peut-être ne savez-vous même pas ce qu’est la fanfiction. Vous écrivez de la fanfiction si vous vous inspirez de l’univers d’un auteur pour écrire : vous pouvez emprunter ses personnages et les faire évoluer dans différentes directions, vous pouvez écrire une suite ou un préquel à une saga, inventer des histoires d’amour entre des personnages, etc. Evidemment, sur le net, vous trouverez des milliers de fanfictions sur Harry Potter, le Seigneur des Anneaux et encore plein d’autres univers. En fait, je ne connaissais pas l’existence des fanfictions quand j’étais adolescente. Sinon j’aurais probablement mordu à l’hameçon. Moi qui aime tant écrire, je pense que j’aurais adoré cet engouement. Du coup, en lisant Fangirl, j’ai appris un tas de trucs que je ne savais pas. Ça soulève beaucoup de questionnements intéressants, comme le plagiat par exemple. Et même si je ne lis et n’écris toujours pas de fanfiction (rien à faire, pour moi l’univers n’existe que dans l’esprit de l’auteur), je trouve ça fantastique que ça encourage des milliers de personnes à écrire ! Et puis, Cath n’écrit pas n’importe quel genre de fanfiction. Elle écrit en fond de romance entre Simon… Et Baz ! Et oui, une romance entre deux jeunes garçons, ça fait du bien de voir ça !

Je terminerai par faire l’éloge de la plume de Rainbow Rowell. C’était mon premier livre de cette autrice (non, je n’ai pas lu Eleanor & Park, ne me jetez pas la pierre…) et je n’ai vraiment pas été déçue par son style! Et ce découpage en chapitres entrecoupés de passages de fanfiction, c’est juste brillantissime. D’ailleurs, Carry on, la fanfiction de Cath, a été écrite par Rainbow Rowell et je pense bien me la procurer prochainement!

Laissez vous séduire par Fangirl, un livre qui ne me promettait rien et qui m’a pourtant apporté tant d’émotions ! Si je peux me permettre, achetez ce livre, attendez la rentrée scolaire, et lisez-le sous la couette avec un chocolat chaud. Bonheur suprême garanti! 

Notation : ♥♥♥♥♥

La princesse des glaces – Camilla Läckberg

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Auteur : Camilla Läkberg

Edition : Babel noir

Genre : Policier

Langue originale : Suédois

Date de parution : 2008

Nombre de pages : 509

ISBN : 978-2-330-00656-3

Résumé

« Erica Falk, trentenaire installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise où elle écrit des biographies, découvre le cadavre aux poignets tailladés d’une amie d’enfance dans une baignoire d’eau gelée. Impliquée malgré elle dans l’enquête, Erica est vite convaincue qu’il ne s’agit pas d’un suicide. Sur ce point – et sur beaucoup d’autres -, l’inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint. Stimulée par cette flamme naissante, Erica se lance à la conquête de la vérité et met au jour, dans la petite société provinciale qu’elle croyait bien connaître, des secrets détestables. Bientôt, on retrouve le corps d’un peintre clochard – encore une mise en scène de suicide… »

L’avis de la Papote

Souvenez-vous. Il y a plusieurs mois de cela, je vous clamais le coup de coeur ressenti à la découverte du livre « Le tailleur de pierre » écrit par Camilla Läckberg, que j’avais écouté en format audio (par ici). J’avais adoré la noirceur des thèmes abordés, les nombreux voyages entre les époques, la profondeur des personnages. Souvenez-vous aussi que je m’étais promis de commencer par le premier tome de cette longue série de polars, « La princesse des glaces », rapidement et de lire la suite dans l’ordre chronologique de parution. Je dois vous avouer qu’entre-temps, j’ai écouté le huitième opus, « La faiseuse d’anges », tout simplement parce que je ne pouvais pas résister à la tentation. Je ne vous l’ai pas chroniqué sur le blog, le temps a passé et sans traces écrites de l’histoire, j’ai bien peur que mon avis soit des plus flous. Soit, passons les détails, l’important est que je me suis enfin lancée dans ce premier tome, en livre papier cette fois-ci, et l’heure est venue de vous en parler !

Nous faisons la rencontre d’Erica Falk, autrice reconnue de biographies, revenue dans sa maison natale de Fjällbacka à la mort de ses parents. Alors qu’elle découvre le cadavre de sa meilleure amie d’enfance, les poignets tailladés dans sa baignoire, le corps recouvert de glace suite à une panne de chaudière, elle décide de mener l’enquête bien malgré elle, avec l’aide de Patrik Hedström, jeune policier ambitieux et… amoureux.

La maison était abandonnée et vide. Le froid pénétrait le moindre recoin. Une fine pellicule de glace s’était formée dans la baignoire. La peau de la femme avait commencé à prendre une teinte légèrement bleutée. C’est vrai, elle ressemblait à une princesse, là dans la baignoire. Une princesse des glaces. (p.9)

Certes, même lorsque les tomes peuvent tout à fait se lire dans un ordre aléatoire, je préfère quand-même commencer par le premier. It makes more sense. Maiiiis je dois dire qu’il y a malgré tout quelques points positifs dans le fait de lire des tomes plus avancés avant de retourner au premier. J’ai vraiment apprécié l’expérience de retrouver Erica à ses tous débuts alors que je savais pertinemment comment elle allait devenir plus tard dans sa vie. Comme si, accompagnée de ma boule de cristal, je pouvais prédire la suite de son évolution en fonction des éléments déjà connus. Plutôt cool !

Là encore, on retrouve des thèmes vraiment très noirs et dérangeants. Je ne vous en dirai pas beaucoup plus parce que je risquerais de vous dévoiler quelques mystères avant même le commencement de votre lecture. Le résumé au dos du roman en dévoile déjà un peu trop à mon goût. C’est le troisième livre que je lis de cette série, et encore une fois, Camilla ne plaisante pas avec ses personnages et leur passé. Loin d’être glauquissime, cela reste difficile à aborder.

L’écriture reste très simple, sans chichi, sans fioriture, tout en étant travaillée. C’est une bonne brique, mais elle se dévore en un rien de temps! Pas de lenteur, un bon suspense, des pistes que l’on élabore et qui éclatent finalement en mille morceaux, bref, tout ce qu’on attend d’un bon roman policier. Petit plus : certains passages m’ont fait hurler de rire ! Voyez plutôt :

Patrik avait le cœur étrangement léger et il grimpa quatre à quatre l’escalier de chez Dagmar Petrén. Arrivé en haut, il fut cependant obligé de souffler un instant, plié en deux les mains sur les genoux. Il n’avait plus vingt ans. La femme qui ouvrit la porte non plus, définitivement. Il n’avait rien vu d’aussi petit et fripé depuis la dernière fois qu’il avait ouvert un sachet de pruneaux. (p.192)

Redoutablement efficace !

La princesse des glaces est le premier opus d’une longue série de romans policiers suédois prometteurs. Comme moi, vous tomberez indéniablement sous le charme de cette ville côtière, de ses hivers sans fin, de ses habitants et surtout, de leurs innombrables secrets… Affaire à suivre !

Notation : ♥♥♥♥

Maman – Hélène Delforge & Quentin Gréban

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Textes : Hélène Delforge

Illustrations : Quentin Gréban

Edition : Mijade

Langue originale : Français

Genre : Album jeunesse

Date de parution : 2018

Nombre de pages : 64

ISBN : 978-2-8077-0027-7

Quatrième de couverture

« Maman. Un des premiers mots du monde. Un nom unique, porté par des milliards de femmes. Un mot pour dire l’amour, la tendresse, le lien, parfois le manque. Il y a autant de mamans qu’il y a d’enfants. Pourtant, sur tous les continents, lorsqu’elles prennent leur bébé dans les bras, les mamans se ressemblent. »

L’avis de la Papote 

En ce dimanche de fête des mères française, je tenais absolument à vous présenter cet album magique paru chez Mijade en avril 2018 et qui m’a été envoyé par cette maison d’édition que j’affectionne tout particulièrement. La dernière parution de Quentin Gréban, illustrateur phare bien de chez nous, vous vous doutez bien que je ne pouvais pas passer à côté !

Il ne s’agit pas d’un album traditionnel en ce sens que vous ne trouverez pas d’histoire à raconter à proprement parler. Il s’agit véritablement d’une ode à toutes les mamans du monde, quelle que soit leur situation, leur origine, leur statut. Il met en avant l’universalité avec une poésie inégalable, aussi bien au niveau des textes que des illustrations. L’album a été conçu dans un format XXL qui rend vraiment justice au magnifique travail de Môsieur Gréban, jugez donc par vous-même.

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Photo : La papote livresque ©

Chaque double page comprend un texte de Hélène Delforge et une illustration de Quentin Gréban. Leurs univers respectifs se complètent à merveille, menant à une belle cohérence artistique. Les textes sont parfois courts, parfois longs, parfois poétiques, parfois conversationnels, toujours justes et empreints de tendresse, parfois mélancoliques aussi.

Tu es au bord des mondes. L’un disparaît, l’autre se détruit. Au milieu, trouve ta voie. Garde l’amour, le bonheur d’être toi, la saveur des instants, la joie d’être parmi les autres, le courage de changer, la nécessité du partage et le goût du rire. Si tu suis ces idées, chacune de tes journées, si tu restes toi-même, partout même en famille, si tu sais écouter, mais refuses de juger,

Tu seras une femme, ma fille. (p.7)

 

Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans les pages de cet ouvrage. Chaque maman se reconnaîtra dans les textes de par leur diversité et leur richesse ! Lisez-le à vos enfants, offrez-le à votre maman, bref , savourez cet album somptueux. Et c’est un coup de coeur, bien évidemment !

Notation : ♥♥♥♥♥

La part de l’autre – Eric-Emmanuel Schmitt

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Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt

Edition : Le livre de poche

Genre : Uchronie

Langue originale : Français

Date de parution : 2001

Nombre de pages : 503

ISBN : 978-2-253-15537-9

Résumé

« 8 octobre 1908 : Adolf Hitler recalé. Que se serait-il passé si l’École des beaux-arts de Vienne en avait décidé autrement ? Que serait-il arrivé si, cette minute-là, le jury avait accepté et non refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ses ambitions d’artiste ? Cette minute-là aurait changé le cours d’une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde… » »

L’avis de la Papote

J’ai assez honte de vous avouer ce qui va suivre: à part « Oscar et la dame rose » lu en sixième et que j’aimerais beaucoup relire cette année, je n’avais jamais rien lu du grand Eric-Emmanuel Schmitt avant « La part de l’autre ». Hum. D’accord, il faut un début à tout, mais quand-même, je n’en suis pas très fière.

En grande amatrice de l’Histoire, je m’intéresse énormément au XXème siècle, à la montée des nationalismes, des dictatures et des conséquences désastreuses que l’on connaît tous. Probablement pour mieux comprendre le monde d’aujourd’hui (#maisquefaittrumpaupouvoir), et surtout pour apprendre des erreurs passées. Ce livre me paraissait important, alors je ne l’ai pas fait traîner plus longtemps dans ma PAL.

L’auteur tente, par le biais de la fiction, d’imaginer quel aurait été le parcours d’Adolf Hitler s’il avait été admis à l’Académie des Beaux Arts de Vienne. Quel aurait été son destin? Le monde aurait-il connu l’un de ses pires cauchemars si Hitler avait pu s’épanouir pleinement en tant qu’artiste peintre?

– Adolf H. : admis.

Une vague de chaleur inonda l’adolescent. Le flux du bonheur roulait en lui, inondait ses tempes, bourdonnait à ses oreilles, lui dilatait les poumons et lui chavirait le cœur. Ce fut un long instant, plein et tendu, muscles bandés, une crampe extatique, une pure jouissance comme le premier orgasme accidentel de ses treize ans. (p.12)

Je ne sais pas pourquoi je l’ai sorti de ma pile à lire maintenant, il m’a appelé, tout simplement. Toujours est-il qu’il correspondait à 1000% à mes envies de lecture du moment: de la profondeur, de l’originalité dans la narration, une mise à l’honneur de l’art, un malaise profond de voir cet Adolf devenir le Hitler que l’on connaît tous. C’est bien simple, ce livre a absolument tout pour être un grand livre. Je n’ai pas passé mon temps à corner les pages, coller des post-it ou encore souligner les passages marquants du livre : TOUT est bon, TOUT est à souligner, à marquer, à corner.

L’un des bouleversements que ce livre m’aura apportés est qu’il m’a ouvert les yeux sur l’importance de la politique. Ne vous méprenez pas, je le sais depuis toujours, parce que j’ai eu la chance d’avoir une prof d’Histoire passionnante qui nous mettait en garde contre la nonchalance vis à vis de la politique (Madame Bouniton, si vous passez par là ^^). Mais malgré cela, j’ai toujours peiné à comprendre ce monde plein de belles paroles et de peu d’actions, de spectacle et de propagande, de discours soporifiques et j’en passe. Déjà en cours d’Histoire, je l’avais compris. Mais en lisant ce roman, en me replongeant dans la situation politique de l’Europe du XXème siècle, en en comprenant les enjeux, les accords, les trahisons à travers la littérature, j’ai eu les éclairages nécessaires pour pouvoir enfin m’y intéresser de plus près. Et ça, si ce n’est pas un bouleversement dans une vie, alors je ne sais pas ce que c’est.

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Photo : La papote livresque ©

Le message de ce roman est universel : ce ne sont pas les gènes qui déterminent un monstre. Non, Hitler n’était pas voué à devenir un être sanguinaire exceptionnellement abjecte, non, son passé n’explique pas la totalité de sa personnalité. Il n’y a pas de déterminisme : nos choix, nos interprétations des circonstances, font de nous des êtres de lumière ou d’obscurité. Hitler sommeille en chacun de nous. C’est glaçant, mais il faut se rappeler que le monde n’est pas tout noir ni tout blanc … Nous sommes tous des êtres nuancés de gris, à nous de faire les bons choix.

L’écriture de ce livre m’aura beaucoup appris. Tant qu’on ne reconnaîtra pas que le salaud et le criminel sont au fond de nous, on vivra dans un mensonge pieux. Qu’est-ce qu’un salaud? Quelqu’un qui n’a jamais tort à ses propres yeux. Qu’est-ce qu’un criminel? Quelqu’un dont les actes négligent l’existence des autres. Nécessairement, j’ai ces deux pentes en moi, je peux y glisser. […] Après l’expérience de ce livre, je suspecterai tout homme qui désigne un ennemi. (p.502 – extrait du journal de l’auteur)

Parlons un peu de ce journal tenu par l’auteur pendant la rédaction du roman et inclus dans la version de poche que je possède. Puissant. Je dirais même effrayant sur certains points : voir à quel point l’écriture de ce livre a bouleversé son quotidien pendant des mois, ça fait peur. Toutes les réflexions qu’il pose dans ce journal sont celles que le lecteur attentif et actif aura pu soulever pendant sa lecture. Très juste, passionnant, bref une belle plus-value au roman.

Et puis quelle plume! Quelle poésie! Quelle maîtrise du mot! Un écrivain que je suivrai de près désormais.

La part de l’autre fait partie de ces livres coups de poing qui vous laissent une marque indélébile. N’ayez plus peur de tenter de comprendre le monstre, c’est un acte citoyen indispensable pour ne pas glisser du côté sombre de l’humanité. Plus jamais ça. Lisez La part de l’autre

Notation : ♥♥♥♥♥

La liste de mes envies – Grégoire Delacourt

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Auteur : Grégoire Delacourt

Edition : Le livre de poche

Genre : Contemporain

Langue originale : Français

Date de parution : 2012

Nombre de pages : 184

ISBN : 978-2-253-16853-9

 

Résumé

« Les femmes pressentent toujours ces choses-là. Lorsque Jocelyne Guerbette, mercière à Arras, découvre qu’elle peut désormais s’offrir tout ce qu’elle veut, elle se pose la question : n’y a-t-il pas beaucoup plus à perdre? »

L’avis de la Papote

Ma passion pour la lecture est née d’une formidable rencontre, il y a de très nombreuses années. Vous savez, LA rencontre que tous les lecteurs cherchent assidûment, celle qui bouleverse une vie, qui chamboule l’existence. Enfant, j’ai rencontré Harry Potter, et la lecture ne m’a plus jamais quittée. Il y a de ces livres que l’on achète par hasard, sans trop pouvoir se l’expliquer. D’autres que l’on met dans notre Wishlist parce que tout le monde en parle et qu’ils attisent notre curiosité. Certains encore nous sont offerts par des êtres chers. Si j’ai bien appris quelque chose dans ma vie de lectrice, c’est que ces merveilleuses rencontres ne se calculent pas. Plus on la recherche, moins on est susceptible de recevoir cette claque littéraire qui nous retourne le coeur.

C’est en début de soirée, le premier jour d’un repos bien mérité, que j’ai sorti « La liste de mes envies » de ma bibliothèque. Je voulais une lecture courte, doudou, qui m’enveloppe dans un nuage de coton sans mettre mes émotions sens dessus dessous. Il avait rejoint mes étagères quelques jours plus tôt, offert à l’occasion de mon anniversaire. Je me suis posée dans le canapé, prête à mettre mon cerveau en pause. Ce soir-là eut lieu l’une des plus belles rencontres littéraires de ma vie.

Jocelyne est une femme de quarante-sept ans, mariée, deux grands enfants. Elle tient une mercerie à Arras, et partage sa passion pour les beaux tissus et les boutons sur son blog. Sa petite vie bien rangée basculera le jour où elle gagne 18 millions d’euros à la loterie. Que faire de tout cet argent? Elle commence par écrire la liste de ses besoins, de ses envies, de ses folies… et se demande si finalement, les plus belles choses de la vie ne s’achètent pas si facilement.

On se ment toujours. Je sais bien, par exemple, que je ne suis pas jolie. Je n’ai pas des yeux bleus dans lesquels les hommes se contemplent ; dans lesquels ils ont envie de se noyer pour qu’on plonge les sauver. Je n’ai pas la taille mannequin ; je suis du genre pulpeuse, enrobée même. De genre qui occupe une place et demie. J’ai un corps dont les bras d’un homme de taille moyenne ne peuvent pas tout à fait faire le tour. Je n’ai pas la grâce de celles à qui l’on murmure des longues phrases, avec des soupirs en guise de ponctuation ; non. J’appelle plutôt la phrase courte. La formule brutale. L’os du désir, sans la couenne ; sans le gras confortable. (p.11)

« La liste de mes envies » n’est pas une lecture doudou, feel good. Elle m’a bousculée. C’était la bonne lecture, au bon moment. C’était la rencontre que je voulais faire depuis longtemps et qui est arrivée, sans que je ne l’attende, sans que je ne la recherche volontairement. Grégoire Delacourt a dépeint une femme si différente de moi et pourtant si proche. Un personnage émouvant, fort malgré sa faiblesse apparente, heureuse malgré la banalité de sa vie. Je me suis retrouvée en elle. J’avais envie de la voir, de lui parler, de lire son blog. Une femme fictionnelle et pourtant férocement réelle.

La force du récit ne réside pas seulement dans ce personnage féminin. La plume de Grégoire Delacourt est difficile à décrire, mais elle a su me toucher en plein coeur. Il s’en dégage une douce poésie, et une cruauté brutale parfois. Des mots justes, qui résonnent en vous encore longtemps après leur lecture. Des phrases tissées avec passion, menant à un patchwork d’émotions : j’ai ri, j’ai pleuré, j’ai soupiré de désespoir, j’ai espéré, j’ai dressé la liste de mes envies.

Le coup de coeur est de mise pour ce roman. Il pose les bonnes questions, amène à une profonde réflexion sur notre vie, renverse les idées reçues. Non, gagner à la loterie n’est pas toujours un cadeau. L’argent n’est pas le but d’une vie heureuse, l’argent divise, et si vous n’en êtes pas convaincus, lisez « La liste de mes envies ».

Notation : ♥♥♥♥♥

La disparition de Stephanie Mailer – Joël Dicker

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Auteur : Joël Dicker

Edition : de Fallois

Genre : Contemporain – Thriller

Langue originale : Français

Date de parution : 2018

Nombre de pages : 635

ISBN : 979-10-321-0200-8

Résumé

« 30 juillet 1994. Orphea, petite station balnéaire tranquille des Hamptons dans l’Etat de New York, est bouleversée par un effroyable fait divers : le maire de la ville et sa famille sont assassinés chez eux, ainsi qu’une passante, témoin des meurtres. L’enquête, confiée à la police d’Etat, est menée par un duo de jeunes policiers, Jesse Rosenberg et Derek Scott. Ambitieux et tenaces, ils parviendront à confondre le meurtrier, solides preuves à l’appui, ce qui leur vaudra les louanges de leur hiérarchie et même une décoration. Mais vingt ans plus tard, au début de l’été 2014, une journaliste du nom de Stephanie Mailer affirme à Jesse qu’il s’est trompé de coupable à l’époque. Avant de disparaitre à son tour dans des conditions mystérieuses. Qu’est-il arrivé à Stephanie Mailer ? Qu’a-t-elle découvert ? Et surtout : que s’est-il vraiment passé le soir du 30 juillet 1994 à Orphea ? »

L’avis de la Papote

Ah, un nouveau Joël Dicker! Après avoir dévoré « La vérité sur l’affaire Harry Québert » et « Le livre des Baltimore », j’attendais ce nouveau roman de l’auteur Suisse avec la plus grande impatience. Si vous êtes dans le même cas que moi, vous vous êtes probablement jeté sur « La disparition de Stephanie Mailer » le jour de sa sortie, l’avez probablement lu dans la foulée, et regardé toutes les interviews de Dicker que l’on peut retrouver sur le net. Hein oui? C’est ce que moi j’ai fait, en tout cas. Je suis même allée l’écouter en conférence à la librairie Molière de Charleroi, et poireauté deux heures avec une crève à tuer un éléphant pour avoir une dédicace, certes sommaire, mais une dédicace tout de même. Alors, que vaut-il vraiment ce nouveau roman?

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Photo : La papote livresque © 

Joël Dicker plonge son lecteur au coeur d’une petite ville fictionnelle des Hamptons (eh non, Orphea n’existe pas!), un lieu paisible et presque paradisiaque si un quadruple meurtre n’avait pas fait trembler ses habitants un soir d’été en 1994. Les deux flics de l’époque ayant bouclé brillamment l’affaire, tout paraissait réglé une bonne fois pour toutes. C’était sans compter sur la curiosité d’une jeune journaliste, Stephanie Mailer, qui rouvre l’enquête de son côté. Jusqu’à ce qu’elle disparaisse mystérieusement…

Seuls les gens familiers avec la région des Hamptons, dans l’Etat de New York, ont eu vent de ce qui se passa le 30 juillet 1994 à Orphea, petite ville balnéaire huppée du bord de l’océan. Ce soir-là, Orphea inaugurait son tout premier festival de théâtre, et la manifestation, de portée nationale, avait drainé un public important. […] Vers 20 heures, dans le quartier totalement déserté de Penfield, la seule trace de vie était une voiture qui sillonnait lentement les rues abandonnées. Au volant, un homme scrutait les trottoirs, avec des lueurs de panique dans le regard. Il ne s’était jamais senti aussi seul au monde. Personne pour l’aider. Il ne savait plus quoi faire. Il cherchait désespérément sa femme : elle était partie courir et n’était jamais revenue. (p.9)

J’ai fait une erreur de débutante en commençant cette lecture. J’ai absolument voulu la comparer aux deux autres ouvrages de l’auteur que j’avais dévorés et adorés. Note à moi-même : A NE PLUS FAIRE. Un conseil si vous ne l’avez pas encore commencé : partez sans a priori. Parce qu’évidemment, et je ne le dirai qu’une fois puis j’arrête avec mes comparaisons sans lieu d’être, « La disparition de Stephanie Mailer » n’atteint pas le niveau des deux autres. Voilà, c’est dit, maintenant je reprends ma casquette d’objectivité et je vous argumente le tout !

Ce que j’ai préféré dans ce roman, c’est l’originalité de la narration. Les points de vue des différents personnages (et il y en a beaucoup!) s’alternent, et dans le cadre d’une enquête policière, c’était bien joué. Pourquoi? Parce qu’un personnage a vu quelque chose qu’il pensait être insignifiant mais qui prend tout son sens à la lumière de ce qu’un autre personnage a vu, et ainsi de suite. Tout s’enchaîne, on suspecte tout le monde, chaque personnage a sa place, sauf… Dakota et sa famille. Je n’ai pas trop compris ce qu’ils faisaient là. Pour moi, ce sont les seuls personnages qui tombent un peu de nulle part, probablement pour combler un trou dans l’intrigue à un moment donné, mais je ne les trouvais pas indispensables. J’ai espéré jusqu’à la toute fin de l’histoire, mais à moins que je ne sois passée à côté de quelque chose, je ne vois pas trop leur utilité.

Evidemment, l’enquête est très bien menée. Je n’ai pas été capable de trouver le coupable, Dicker a donc bien réussi son coup. Il faut dire que la signature de l’auteur est bien présente dans ce roman : il a un don de conteur incroyable. Ne vous attendez pas à un style très construit et recherché (il y a d’ailleurs pas mal de coquilles dans le texte, argh), même si je le trouve très agréable. Par contre, l’histoire vous attrape et ne vous lâche plus!

Peut-être vous demandez-vous pourquoi ce livre n’est pas classé dans le genre POLAR ou POLICIER. C’est une excellente question, qui a d’ailleurs été posée à maintes reprises  à l’auteur dans les interviews que j’ai pu voir. Pour lui, le but de l’ouvrage était de faire parler un panel important de personnages, de dépeindre leur vie à un moment donné, de raconter leur passé et les obstacles qui ont jonché leurs parcours respectifs. Joël Dicker insiste sur la REPARATION. Il n’a pas voulu en faire un policier, parce que n’étant pas lecteur de ce genre littéraire, il n’a pas voulu trompé le lecteur. Ce livre est d’ailleurs très compliqué à catégoriser… L’enquête reste un prétexte pour une exploration de la profondeur des personnages.

Autre précision : Joël Dicker travaille sans plan d’écriture. Je répète, Joël Dicker travaille sans plan d’écriture. On a du mal à y croire quand on lit ce livre, mais c’est pourtant la vérité. On ne peut qu’applaudir l’exploit !

La disparition de Stephanie Mailer est un roman qui vous tiendra en haleine. Avec des personnages hauts en couleur, une enquête incroyablement bien ficelée, un rythme soutenu. Même si ce n’est pas le meilleur de l’auteur selon moi, cela reste un très bon roman qui m’a fait passé un chouette moment de lecture.

Notation : ♥♥♥♥

Gardiens des cités perdues 1 – S. Messenger

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Auteur : Shannon Messenger

Edition : Lumen

Genre : Fantasy Jeunesse

Langue originale : Anglais

Date de parution : 2014

Nombre de pages : 510

ISBN : 978-2-37102-004-7

Tome 2 : Exil

Résumé

« Depuis des années, Sophie sait qu’elle n’est pas comme tout le monde. Elle se sent à part à l’école, où elle n’a pas besoin d’écouter les cours pour comprendre. La raison? Elle est dotée d’une mémoire photographique… Mais ce n’est pas tout : ce qu’elle n’a jamais révélé à personne, c’est qu’elle entend penser les autres comme s’ils lui parlaient à voix haute. Un casque vissé sur la tête pour empêcher ce bruit de fond permanent de la rendre folle, elle se promène un matin avec sa classe au musée d’Histoire naturelle quand un étrange garçon l’aborde. Dès cet instant, la vie qu’elle connaissait est terminée : elle n’est pas humaine et doit abandonner son existence entière pour rejoindre un autre univers, qu’elle a quitté douze ans plus tôt. L’y attendent une pléiade de nouveaux condisciples, amis et ennemis, et une question obsédante : qui est-elle? Pourquoi l’a-t-on cachée dans le monde des humains?Pourquoi n’a-t-elle que des souvenirs partiels de son passé? »

L’avis de la Papote

Gardiens de cités perdues est généralement présentée comme LA nouvelle saga jeunesse du moment. Dans les critiques, on la compare même très souvent à Harry Potter. Ce qui, selon moi, n’est pas forcément une bonne chose… Certes, ce doit être un très beau compliment pour Shannon Messenger, mais quel coup de pression ! En tout cas, moi, potterhead jusqu’au bout du chapeau, j’ai voulu en avoir le coeur net une bonne fois pour toutes. Je me suis donc procuré ce premier tome et aussitôt acheté, aussitôt lu!

Sophie, jeune fille a priori comme les autres mais aux particularités étonnantes, voit sa vie changer du tout au tout lorsque Fitz, un garçon un peu étrange, lui annonce qu’elle ne fait pas partie de ce monde. Sa capacité à entendre les pensées des autres, son incroyable don pour la mémorisation, rien n’est dû au hasard. Elle est une elfe, et elle doit absolument tout quitter pour commencer sa scolarité à Foxfire.

Le cerveau de Sophie captait des bribes de pensées éparpillées, déconnectées les unes des autres, un peu comme dans une pièce remplie de télévisions qui beugleraient toutes en même temps des programmes différents. Lorsqu’il tranchait dans le vif de sa conscience, chacun de ces fragments éveillait une douleur aiguë. Un monstre, voilà ce qu’elle était. (p.12)

Est-ce que la lecture de ce premier tome m’a ramené dans mes souvenirs d’enfance, lorsque l’univers de J.K. Rowling m’avait subjugué? Non. Est-ce qu’il vaut les louanges et les comparaisons avec l’oeuvre magistrale du jeune sorcier? Encore non. Cela dit, je peux voir où les lecteurs font le rapprochement. Une jeune fille qui quitte sa famille pour entrer dans une école sur mesure pour les elfes, le parallèle est assez flagrant, on est bien d’accord. Mais pour moi, les ressemblances s’arrêtent là.

L’univers, bien que très intéressant, me paraît sous exploité. Je n’ai pas eu la sensation, en lisant ce premier opus, que Shannon Messenger connaissait son univers sur le bout des doigts. Pourquoi? Parce qu’en le refermant, deux jours plus tard, j’aurais bien été incapable de vous faire une description de l’école, de son organisation, de l’endroit où vit Sophie ou encore des autres lieux décrits dans l’histoire. Je n’ai pas pu ancrer visuellement l’espace dans mon esprit. Et ça, ça devient compliqué à gérer quand la saga fait sept tomes… J’étais dans le flou, tout simplement. La  plume est très simple et très abordable pour un jeune public, rien à signaler de ce côté-là!

Le très grand point fort de ce roman est sans aucun doute la richesse et la diversité des personnages. Sophie est attachante, Fitz est très intéressant, Keefe reste le plus mystérieux pour moi, je sens que sous la couche d’humour se cache un secret bien gardé. Flair de lectrice. Dex m’a beaucoup fait rire ! Certains personnages restent ternes et plats, un peu comme Biana la soeur de Fitz, mais peut-être qu’ils vivront une chouette évolution tout au long de cette série.

Si je m’abstiens de comparer ce début de saga à celui de Harry Potter, je dois avouer malgré tout que c’est une série qui a du potentiel. J’ai passé un très bon moment de lecture, mais à l’avenir, j’éviterai d’avoir en arrière-pensée les avis d’autres lecteurs. C’est une saga à part entière, qu’il faut entreprendre sans a priori pour en tirer le meilleur. Le tome 2 est déjà dans ma PAL, mais s’il ne parvient pas à me séduire davantage, j’ai bien peur de ne pas avoir l’envie de poursuivre cette saga jusqu’à son terme.

Gardiens des cités perdues n’a pas vraiment su toucher la corde sensible. L’univers reste sous-exploité, trop vague et trop flou pour me donner l’envie d’aller plus loin. Les comparaisons avec l’univers de Harry Potter sont trop hâtives et superficielles à mon goût. Néanmoins, les personnages rehaussent un peu le niveau. Je lirai la suite, en espérant qu’une belle évolution me surprenne !

Notation : ♥♥♥♥♥

Le sourire d’un ange – Marie Nocenti

418tnTrMeAL._SY346_Auteur : Marie Nocenti

Edition : Librinova

Genre : Drame – Contemporain

Langue originale : Français

Date de parution : 2016

Nombre de pages : 276

ISBN : 978-10-262-0613-2

Résumé

« Un accident sur la route des vacances et la mort fauche brutalement une famille. Grièvement blessée, Elisa assiste, impuissante, à la mort de son bébé brûlé vif dans l’explosion de sa voiture. S’en suivent des mois de rééducation dans la douleur et la souffrance de l’absence. Malgré l’amour de ses parents, Elisa ne se remet pas de la perte de son enfant et décide d’en finir.
Mais la mort se dérobe quand elle sauve un enfant de la noyade. Lui aussi a perdu un être cher. Un seul regard suffit pour nouer entre les deux personnages un lien plus fort que la mort, unis à jamais par une dette de vie.
Hantée par le regard de l’enfant, Elisa ira jusqu’en Finlande pour le retrouver et tenter de fuir ses propres démons. »

L’avis de la Papote

J’ai eu le plaisir de découvrir cet ouvrage grâce à Marie Nocenti elle-même. Lorsqu’elle m’a demandé de lire son roman et, surtout, lorsque j’ai pris connaissance du résumé, j’ai très vite accepté l’offre, même si je redoutais cette lecture par-dessus tout. Depuis que je suis maman, les livres qui traitent de la mort d’un enfant me bouleversent tant que parfois, je ne parviens même plus à trouver un semblant de sommeil pendant plusieurs jours. On me l’avait pourtant bien dit, la maternité est une inquiétude permanente (heureusement que cela ne se limite pas à ça ^^). D’ailleurs, il m’a fallu plusieurs mois pour le sortir de ma PAL. J’ai attendu le bon moment, celui qui allait me permettre de poursuivre la lecture sans trop de difficultés émotionnelles.

Nous suivons l’histoire d’Elisa, jeune maman à la vie ordinaire jusqu’à ce qu’un terrible accident de la route ne lui enlève son mari et son petit garçon. En parallèle, nous faisons la connaissance d’une autre famille, en Finlande, marquée par une maman souffrante mentalement qui se retrouve en chaise roulante après un accident de moto. Leurs histoires finiront par se croiser lorsqu’Elisa tentera désespérément d’en finir avec son chagrin …

Réveillé en sursaut, Théo se mit à pleurer, ce qui énerva davantage son père. […] Elle tenta d’apaiser le petit garçon en lui donnant un biberon de lait mais l’enfant ne voulut rien savoir et d’un geste brusque de la main, rejeta le biberon qui heurta le siège conducteur avant de rouler sur le tapis de sol. […] A ce moment-là, alors que Vincent, énervé par le bip strident de l’alarme se retournait pour voir ce qu’elle faisait, une voiture freina brutalement devant lui à cause d’un nouveau ralentissement. Lorsqu’il porta de nouveau son regard sur la route, il était déjà trop tard pour éviter la collision. (p.19-20)

J’ai lu quelques très bons avis sur ce livre mais, pour ma part, la lecture fut très mitigée, pour plusieurs raisons bien différentes.

D’abord, j’ai envie d’insister sur le fait que, pour moi, et uniquement en ce qui ME concerne, la plume de l’autrice manque un peu de maturité. Très simple, mais là n’est pas le problème. Les thèmes abordés dans ce livre sont dramatiques : la mort, le deuil, le suicide, le handicap, pour ne citer que ceux-là. Et le style de l’écriture ne correspond pas du tout à la lourdeur des thèmes abordés. J’aurais préféré plus de sous-entendus, moins d’explications concrètes, plus de poésie, moins de descriptions strictes des états d’âme. Il y a des scènes où la simple évocation aurait suffit, sans entrer dans des détails qui tuent la beauté dans l’horreur, si vous voyez ce que je veux dire. Non? Bon, pour faire simple, je dirais que trop de détails tue l’émotion. Tu comprends mieux, là?

Outre ce détail stylistique, j’ai beaucoup aimé le premier tiers du livre. Le drame, la réaction des proches, le chagrin, le parallèle entre ces deux familles complètement différentes, tout ça m’a séduit au premier abord. Evidemment, mon coeur hypersensible a beaucoup pleuré, pendant ce premier tiers. Une scène magnifique, qui révèle tout le sens du titre d’ailleurs, a vraiment su me toucher de plein fouet. Et puis, la suite ne m’a pas convaincue… Et ce n’est pas bien compliqué de comprendre pourquoi : une romance s’installe là où je ne l’attendais pas du tout, et ça m’a fait lever les yeux au ciel plus d’une fois (c’est plus fort que moi, je n’aime pas les romances…).

Autre point noir pour moi, le personnage d’Elisa et ses réactions parfois incompréhensibles. Je n’ai pas su cerner cette nana, du coup je ne me suis pas attachée à l’héroïne principale du roman, ça n’aide pas, on est bien d’accord sur ce point. Encore une fois, question de feeling personnel.

Vous l’aurez compris, une lecture en demi-teinte qui malgré tout a su toucher certaines cordes sensibles, en tout cas dans le premier tiers de l’histoire. Pour être tout à fait honnête avec vous, mes papoteurs, il m’est arrivé plus d’une fois de passer quelques pages pour aller droit au but, chose que je ne fais JAMAIS. Bref, ça arrive!

Je remercie encore une fois l’autrice pour sa confiance, bien évidemment!

Le sourire d’un ange traite de thèmes très difficiles d’une plume qui me paraît immature et trop directe. N’ayant pas su m’attacher à la principale protagoniste de l’histoire, mon avis reste mitigé mais le premier tiers méritait d’être découvert. A vous de vous faire votre propre avis !

Notation : ♥♥♥♥

La bibliothérapie : Kesako ?

Bibliothérapie… Bibliothérapie… Vous aussi, vous trouvez que ça sonne plutôt pas mal?

Lorsque j’ai entendu ce terme pour la première fois, c’était lors de la présentation du livre de Régine Detambel, « Les livres prennent soin de nous : pour une bibliothérapie créative » pendant l’émission « La Grande Librairie » sur France 5. Immédiatement séduite par l’idée, j’ai commencé à éplucher des articles, à me faire une liste d’ouvrages sur le sujet, à en acheter quelques-uns. Mais peut-être ne voyez-vous pas du tout en quoi consiste la bibliothérapie… Commençons donc par là !

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Image libre de droits : Pixabay

La bibliothérapie est une discipline (enseignée même dans certaines universités!) qui daterait déjà de 1916 et qui prend de plus en plus d’ampleur dans notre société actuelle. Elle part du principe que la lecture d’un livre précis à un moment clé de sa vie peut guérir. Le terme est fort, mais bien choisi. Lire peut guérir! Certains psychiatres français n’hésitent d’ailleurs pas à inclure des sessions de soins par la lecture. Étonnant, pas vrai?

Certes, les rayonnages de librairies regorgent de livres de développement personnel en tout genre : le lâcher prise, les clés du bonheur, les méthodes anti-stress, les guides pour être enfin heureux. Bien que je lise ce genre d’ouvrages très fréquemment et que certains soient même devenus des références vers lesquelles je me tourne souvent, la bibliothérapie se concentre davantage sur la fiction. Oui, vous avez bien lu ! La fiction !

Mais comment le fait de lire des histoires fictionnelles inventées par d’autres pourrait nous faire du bien, nous soigner ? C’est là tout l’intérêt du concept ! Le fait de se plonger, le temps d’un livre, dans la vie d’autres personnages peut faire écho en nous et développer notre capacité d’empathie. Vivre leurs soucis permet de relativiser les nôtres. Les accompagner à travers les obstacles de la vie permet de mener notre propre réflexion sur notre parcours. L’intimité de l’auteur peut nouer des liens avec notre intimité de lecteur, et c’est là que la magie opère.

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Photo libre de droits : Pixabay 

Passionnée de lecture et thérapeute à un tout autre niveau dans ma vie professionnelle (je rappelle que je suis logopède), il était inévitable que je m’y intéresse de plus près. Confrontée chaque jour à des enfants qui ne portent pas la lecture dans leur coeur, j’ai toujours eu la mission secrète de les passionner à leur tour, en leur dénichant LE livre qui les ferait changer d’avis. Et pour ça, la bibliothérapie peut s’avérer être une arme redoutable !

J’avais donc envie de partager ces découvertes avec vous dans une nouvelle catégorie sur le blog, ponctuellement, en vous donnant une liste d’ouvrages qui m’intéressent, en vous chroniquant la lecture d’un livre déjà lu sur le sujet, en vous donnant des idées de lectures en lien avec une problématique donnée. Evidemment, je ne suis pas bibliothérapeute, je n’ai pas la prétention d’être une professionnelle en la matière (même si la formation de Régine Detambel me tente beaucoup ^^), mais à mon niveau, peut-être que je pourrai sensibiliser certains d’entre vous à cette discipline que je trouve fascinante !

Et vous, déjà entendu parler de bibliothérapie ? 

Frankenstein ou le Prométhée moderne – Mary Shelley

2940014048446_p0_v1_sAuteur : Mary Shelley

Edition : Feedbooks (numérique)

Genre : Classique Science-fiction

Langue originale : Anglais

Date de parution : 1818

Nombre de pages : 233

ISBN : –

Résumé

«Victor Frankenstein ! C’est l’inventeur, le savant maudit ! A quinze ans, il est témoin d’un violent orage : foudre, traînée de feu, destruction d’un chêne… Son destin est tracé. Après des années de labeur, il apprend à maîtriser les éléments ; l’alchimie est pour lui une seconde nature. Bientôt il détient le pouvoir de conférer la vie à la matière inerte. Nuit terrible qui voit la naissance de l’horrible créature faite d’un assemblage de cadavres ! L’oeuvre de Frankenstein. Un monstre ! Repoussant, inachevé mais doté, d’une force surhumaine et conscient de sa solitude. Échappé des ténèbres, il va, dans sa détresse, semer autour de lui crimes et désolation. D’esclave qu’il aurait dû être, il devient alors le maître, harcelant son créateur. Il lui faut une compagne semblable à lui… Pour Frankenstein, l’enfer est à venir….»

L’avis de la Papote

Celui-là, je me le gardais bien au chaud pour Halloween. Frakenstein, grand classique de la littérature anglaise du XIXè siècle, fait partie intégrante de l’imaginaire collectif. Bien que, souvent, le nom de Frankenstein soit associé à la créature, et non au créateur. Grossière erreur. C’est donc vers la fin du mois d’octobre 2017 que je me suis plongée dans cette lecture très courte qui m’intriguait depuis plusieurs années.

Frankenstein est devenu un éminent scientifique, reconnu de tous. Il a le projet secret (et, soit dit en passant, complètement barré) de créer un être vivant à partir de chair morte. Ses efforts le menèrent jusqu’à ce jour fatidique où la créature qu’il avait imaginée prend vie devant lui. Effrayé par ce monstre, il l’abandonne à son sort.

L’événement que nous venons de vivre est si étrange que je ne peux pas m’empêcher de vous le rapporter, même s’il est probable que nous allons nous revoir avant même que cette lettre soit parvenue en votre possession. […] Nous distinguâmes un chariot bas, fixé sur un traîneau et tiré par des chiens, passer au nord, à la distance d’un demi-mille. Une silhouette de forme humaine, de toute apparence de stature gigantesque, était assise dans le traîneau et guidait les chiens. (p.19)

La construction du récit est pour le moins originale, et c’est un gros point positif que j’ai envie de souligner. Nous assistons, nous lecteurs, à une correspondance entre un navigateur et sa soeur (uniquement les lettres du navigateur pour le coup), qui raconte en différé le récit de Victor Frankenstein. Brillant !

Lorsque je suis arrivée au bout de ma lecture, je savais qu’il fallait la laisser décanter quelques semaines. La digérer. Pourquoi, me direz-vous? Parce que je sentais que le message délivré était important, qu’il soulevait des interrogations on ne peut plus actuelles malgré l’âge avancé du roman, et que malgré cela, j’étais agacée. Oui oui, c’est le mot. Il y a deux aspects qui m’ont particulièrement dérangée pendant ma lecture, et ils prenaient tout le dessus. Je ne voulais pas rester sur cette impression pour le chroniquer, alors j’ai attendu. Et j’ai bien fait. La preuve? Je me souviens aujourd’hui du message incroyablement puissant de l’autrice, et non des petits désagréments qui ont pollué ma lecture.

La première critique que je pourrais faire concerne le personnage de Frankenstein lui-même. Je n’ai pas vraiment pu m’attacher à ce savant déterminé qui, après avoir réalisé l’un de ses plus grands rêves de scientifique, se plaint lamentablement à chaque page. Je peux concevoir qu’en voyant l’horreur qu’il avait créée, il prenne peur et regrette son geste. Mais de là à se morfondre tout le long du récit, ça m’a un peu gavé, let’s be honest. J’ai tellement regretté sa réaction ! Bien sûr qu’une créature faite de chair morte ne peut rivaliser avec Leonardo DiCaprio dans le Titanic (si si, j’ai osé), mais de la part de son créateur, j’aurais aimé qu’il s’intéresse à elle, qu’il tente de la guider, de lui apprendre le monde. Oui, Frankenstein a pris peur. Mais je ne pouvais m’empêcher de penser : « et la créature alors? Tu ne crois pas qu’elle a peur elle aussi? Elle n’a rien demandé à personne, merde! ». Voilà. C’est mon côté hypersensible. J’ai préféré de loin le personnage de la créature, totalement prise d’empathie pour elle. Au fond, était-elle si monstrueuse? N’est-ce pas le rejet de son créateur et des autres êtres humains qui est à la base de sa noirceur? Avait-elle tous les outils à portée de main pour évoluer différemment? Waouw, c’est vrai que ce livre questionne !

La deuxième et dernière critique concerne plutôt la forme que le fond, et plus particulièrement l’édition gratuite en Ebook avec laquelle j’ai découvert l’oeuvre. Je ne les ai pas comptabilisées, mais il devait y avoir pas moins de trente coquilles sur l’entièreté du bouquin. Pas des petites coquilles qui peuvent passer inaperçu! Non, des coquilles grosses comme des oeufs d’autruche! Et ça, ça a le don de m’agacer au plus haut point. D’ailleurs, si vous avez une chouette édition à me conseiller, j’aimerais beaucoup relire Frankenstein dans une version plus soignée, peut-être avec une étude de l’oeuvre en post-face?

Malgré tout, je pense très sincèrement que Frankenstein est une oeuvre qui doit être lue, qui doit être étudiée, tant elle relate des thèmes universels. J’aurais beaucoup aimé la découvrir en cours, avec une étude plus approfondie de l’étendue des messages véhiculés par ce livre. Je le relirai, c’est certain.

L’année 2018 signe le bicentenaire de l’oeuvre de Mary Shelley, et Frankenstein ou le Prométhée moderne n’a pas pris une ride. Choisissez votré édition avec soin, questionnez-vous, pleurez, souffrez avec cette créature incomprise qui a su me toucher et m’émouvoir. Et puis, revenez sur le blog pour en discuter !

Notation : ♥♥♥♥♥